Les grandes étapes pour l'implantation d'un jardin
Voici un petit aide-mémoire rapide et concis qui aidera à la mise en place de votre jardin. Vous pourrez appliquer ces conseils même si vous êtes un paysan urbain et que vous cultivez un petit espace, car peu importe le jardin, les principes restent les mêmes.
Notre philosophie est la suivante : Nous considérons le sol comme un organisme vivant, ayant une partie minérale (sable, argile, silt) et une partie vivante (matière organique). Plus il y a de vie dans le sol, plus la matière organique est transformée en éléments de base assimilables (azote, phosphore, potassium, calcium etc + de 350 éléments!) les rendant ainsi directement disponibles aux plantes. Vous comprenez maintenant l’importance d’un sol en santé. Pour maintenir cette vie, il vous faudra la nourrir en ajoutant de la matière organique tel que des feuilles, du fumier, des copeaux de bois tendre ou du compost. Le plus vivant sera votre sol, le plus en santé seront vos plantes.
Première question que vous devez vous posez : Combien de plants de chaque variété voudrais-je avoir? Ensuite, de combien d’espace ai-je besoin? Nous vous suggérons de respecter les distances entre les plants, car si ceux-ci sont trop serrés, ils retiendront trop d’humidité et des maladies comme le mildiou s’installeront. De plus, une erreur très courante est de commencer ses semis trop tôt au printemps. Vous serez pris alors avec des plants qui stagneront dans leurs pots et cela annulera tous les efforts que vous y aurez investis. Pour se faire, il est facile de suivre le calendrier des semis en fonction de votre zone climatique (Ex. : Zone 5 = Montréal et Rive-Sud, Zone 5 à 3 = région de Lanaudière, Zone 1 = étant la plus froide) Voici un calendrier bien réalisé par le site Espace pour la vie : https://espacepourlavie.ca/calendrier-de-semis-de-legumes
Le terreau et les semis
Nous utilisons deux types de terreau biologique; un pour les semis et un autre plus riche pour le rempotage. Il existe plusieurs compagnies qui en produisent (Fafard, Berger, Promix). Ce sont des mélanges très bien équilibrés et exempt de maladies, d’insectes et de mauvaises herbes. Ces terreaux sont de plus enrichis de mycorhizes; mélanges de petits champignons vivants dans le sol ayant une relation symbiotique avec les plantes. Ils échangent entre autres, sucre, eau et minéraux créant ainsi une meilleure santé des plantes (et un meilleur rendement!). Lors des semis, nous utilisons des multicellules 72 trous (et 128) remplis de terreau à semis. Nous semons les graines toujours selon la profondeur recommandée. Nous les plaçons sur un tapis chauffant et nous réglons la température selon les recommandations. Ceci est très important pour favoriser la germination des semences des légumes qui aiment la chaleur comme ceux de la famille des solanacées (tomate poivron, aubergine) et ceux de la famille des cucurbitacées (melon, courge). De plus, nous plaçons un couvercle transparent sur le dessus. L’humidité de surface est alors conservée et la levée des semis se fait plus facilement. Pour l’éclairage, nous utilisons des lumières néon T8 de type lumière naturelle placées à 5 cm au-dessus des plantules. Si vous avez des néons de type T5, placez-les à une distance de 30 cm, car ceux-ci sont beaucoup plus puissants. Ensuite, nous conservons le couvercle transparent jusqu’à ce que la majorité des petits plants aient fait surface. Une fois ce dernier enlevé, nous utilisons un petit ventilateur qui alterne de gauche à droite. Ceci permet de renforcir les plantules et de réduire grandement la fonte des semis. Finalement, nous arrosons toujours avec de l’eau non chlorée à température pièce, car à ce stade, les plants sont encore très fragiles.
Le repiquage
Une fois les plants prêts à être repiqués, préparer votre terreau de rempotage en l’humidifiant et remplissez vos pots au 3/4 de leur capacité. Nous utilisons des pots ronds ou carré de 3.25 x 3.25 po ou de 4 x 4po, ce qui convient à la majorité de nos plants. L’espace entre le terreau et le rebord du pot permet de conserver l’eau d’arrosage (sinon ça déborde partout!). Lors des arrosages, effectuez cette manœuvre en deux temps: une première pour humecter la croute de surface et la deuxième pour un arrosage en profondeur. Pour les cucurbitacées (concombre, courge etc.) nous semons les graines directement dans nos pots de 4 po, car ceux-ci possèdent des racines fragiles et détestent êtres repiqués. Si vous devez conserver vos plants plus longtemps que prévu dans leurs pots, vous pouvez rajouter une cuillère à thé d’engrais bio 3-6-8 EN SURFACE et/ou utiliser un mélange d’engrais liquide d’algue bio dilué dans de l’eau. Encore une fois, éviter l’eau de la ville puisqu’elle contient du chlore mais si vous n’avez pas d’autre choix, laisser l’eau dans votre arrosoir pendant quelques heures et celui-ci s’évaporera. Arrosez toujours avec de l’eau à la même température que votre terreau.
Une fois la température plus clémente (ex : fin mai), sortez vos plants à l’extérieur le jour et rentrez les la nuit. Cette étape s’appelle l’acclimatation. Si vous avez une petite serre extérieure, ceci facilite cette tâche. Attention toutefois aux revirements de météo. En effet, la fin mai est souvent très clémente (30 degrés parfois) mais il se peut, comme c’est arrivé lors des deux dernières années, que la température tombe sous zéro durant la nuit! Surveillez alors la météo de près.
La préparation du jardin
Il existe 1001 façons de faire votre jardin et cela est bien personnel à chacun/chacune. Cela dit, nous vous proposons trois façons selon trois différentes réalités. Nous gardons toujours en tête que le sol ne devrait jamais être à nu. De cette manière, l’eau étant conservée et le sol est nourri.
Méthode 1, En pot
Pour la culture en pot, il est important d’avoir un bon terreau de qualité professionnelle. Nous vous recommandons entre autres les terreaux biologiques, car ils contiennent du compost marin riche en oligo-éléments. Selon les marques, ils contiennent grosso-modo tous de la mousse de tourbe (matière première), de la perlite (pour l’aération), de la vermiculite (éponge pour l’eau), du compost (fertilité) et de la chaux. Cette dernière est utile pour rehausser le PH de la mousse de tourbe, qui est naturellement acide. Enfin, évitez les sacs de « Terre Noire » vendu 1.50$ le sac, vous aurez des résultats horribles! Le secret est aussi dans l’arrosage qui se devra d’être régulier. Nous recommandons l’utilisation de pot de type Smart Pot. De par leur conception en tissu, l’air y circule facilement et ceci empêche les racines de spiraliser dans le pot, permettant ainsi une meilleure occupation de l’espace. Ce dernier se devra d’être d’une bonne grosseur pour permettre de meilleurs rendements. Vous pourrez aussi conserver votre terreau plusieurs années. Si vous ne trouvez pas ce type de pot, les bacs en bois faits maison sont de bonnes options. Évitez par contre le bois traité, car il contient plusieurs produits chimiques toxiques. Enfin, rajoutez deux bonnes pelletés de compost et de l’engrais bio (selon les recommandations de l’emballage) et incorporez le tout en surface. Les éléments fertilisants pénétreront en profondeur lors des arrosages.
Méthode 2 : Pour les petits et moyens jardins
Effectuez les étapes suivantes à l’automne ou très tôt au printemps. Si votre terre est déjà à nue, vous aurez une étape de fait. Directement sur votre terre ou sur votre gazon, ajoutez 20 cm de bonne terre et 10 cm de compost marin. Ensuite, saupoudrez votre engrais bio préféré (Actisol, Carence, Bionik, McInnes etc.) en suivant les recommandations sur l’emballage. Placer deux épaisseurs de carton brun SANS ancre. Finissez ensuite par 20cm de feuilles mortes, de paille ou de copeaux d’émondage (communément du bois raméal fragmenté (BRF), et non les gros copeaux de cèdres de pépinière!). Il suffira par la suite de frayer votre chemin à travers les feuilles et percer le carton avec votre truelle et transplanter vos petits plants dans le compost. Voilà, nul besoin de rotoculteurs, presqu’aucun désherbage, presqu’aucun arrosage et le sol est nourri. Durant la saison, le gazon et le carton se décomposeront. À la fin de l’été, il n’y restera tout au plus 5 cm de feuilles et/ou de copeaux. Les années suivantes, il ne suffira que de rajouter des feuilles mortes ou de la paille à la surface. Avec cette technique, votre sol s’améliorera d’année en année.
Méthode 3 : Pour les très grands jardins
Effectuez les étapes suivantes à l’automne ou très tôt au printemps. Si votre terre est déjà à nue, vous aurez une étape de fait, sinon vous pouvez passer le rotoculteur à une profondeur de 5 à 10 cm. L’idée étant de briser la motte de gazon mais de ne pas trop perturber le sol. Ensuite, ajoutez 10 cm et plus de compost marin. Enfin, saupoudrez votre engrais bio préféré (Actisol, Carence, Bionik, McInnes etc.) en suivant les recommandations sur l’emballage.
- Pour les plantes qui seront transplantées
Placez un géotextile de pépinière (nous l’achetons chez Dubois Agrinovation et Teris) et fixez-le en place grâce à des broches en U. Percez les trous aux endroits désirés et transplantez vos plants. De cette manière, l’eau sera conservée et empêchera la matière organique en surface de brûler au soleil. Au final, il n’y aura aucun désherbage à faire, et les rendements seront de loin supérieurs.
- Pour les plantes en semis direct
Vous pourrez, une fois qu’elles auront germées et atteintes une taille convenable, les pailler à la base avec des feuilles mortes, de la paille ou des résidus d’émondage (BRF: Bois raméal fragmenté). Vous aurez alors qu’à désherber le reste du jardin grâce à la binette et la houe à roue. Ce sont selon nous deux outils INDISPENSABLES si vous voulez cultiver un grand jardin.
Occultation
Il existe une technique populaire auprès des jardiniers-maraîcher qui se nomme l’occultation. Il vous faudra par contre être patient et planifier un an à l’avance. Si vous n’avez pas de machinerie pour retourner la terre, cette technique est pour vous. Il suffit de placer sur le gazon une bâche noire opaque durant une saison entière. La vie du sol décomposera le tout et l’année suivante vous aurez une terre prête à cultiver. C’est aussi la meilleure technique pour respecter la vie et la structure de son sol. Vous pouvez trouver ce type de bâche dans les quincailleries agricoles style Coop, Agrizone, BMR, Teris et Dubois Agrinovation, entre autres.
Un dernier mot au sujet des grands jardins : Nous recommandons, si l’espace vous le permet, de séparer votre jardin en parcelles et d’effectuer des rotations. C’est la meilleure façon de briser le cycle des maladies et des ravageurs. Utilisez aussi la technique des engrais verts pour enrichir et structurer votre sol. Pour ceux qui ne connaissent pas cette technique, cela consiste à semer des plantes (blé, seigle, ray-grass, trèfle, pois, phacélie, avoine, sarrasin, radis daïkon, vesce, moutarde etc.) et de les détruire avant qu’elles ne fleurissent. Les résidus nourriront le sol et les cultures suivantes. Ils existent plusieurs ouvrages intéressants expliquant en détail cette technique simple et efficace. Nous vous suggérons, entre autres, les livres d’Yves Gagnon et de Jean-Martin Fortier.
Bon jardinage à tous!